CoD - L'envers du décor
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CoD - L'envers du décor
Un article plutôt intéressant (bien qu'un peu dépassé) sur les conflits entre éditeurs et studios derrière la licence CoD. Prévoyez dix bonnes minutes (et éventuellement de l'aspirine) :
https://sites.google.com/site/teamfiightblackops/
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- Version locale:
- L’histoire secrète de Call of DutyDix ans de guerre entre Activision et Electronic Arts
Mardi dernier, le 14 juin, le juge Elihu Berle, de la cour supérieure du comté de Los Angeles en Californie, a statué : la plainte déposée en mars 2010 par Jason West et Vince Zampella (les fondateurs d’Infinity Ward et créateurs de Call of Duty) contre Activision est valide, et l’affaire ira donc au procès. Lors du même procès sera jugée la plainte d’Activision contre Electronic Arts. Mais comment en est-on arrivé là ? Recrutements sauvages, procès, sabotages, coups bas et trahisons : voici l’histoire secrète de Call of Duty.DÉDALE OF HONOR
En 2001 sortait sur PC Medal of Honor: Allied Assault (traduit en Débarquement allié dans nos contrées). Le jeu, développé par une équipe d’une trentaine de personnes (et avec l’aide du Quake 3 Engine) chez 2015 Inc pour le compte d’Electronic Arts (à l’époque encore premier éditeur mondial de jeux vidéo), est un énorme carton tant critique que public. Il s’en vend des caisses et tout le monde est très impressionné par les scènes ultra-scriptées du jeu. Les extensions qui suivirent, développées par d’autres studios, eurent également un joli succès. Pourtant, à la surprise générale, EA décida en 2002 de confier l’avenir de la franchise Medal of Honor à son studio de Los Angeles, en récupérant évidemment les idées de gameplay de MoH:AA. Les jeux suivants dans la série Medal of Honor n’arriveront pourtant jamais à reproduire le miracle produit par MoH:AA.
Cette décision venue d’en haut eut un impact direct sur 2015, qui espérait évidemment continuer sur MoH : 22 des employés du studio démissionnèrent pour fonder Infinity Ward, avec à leur tête Jason West, Vince Zampella et Grant Collier. Ils ne partaient pas dans le vide : le premier projet du studio était financé dès le départ par Activision, qui n’avait pas perdu son temps à récupérer la dream team. Mieux que ça : Activision possédait 30% du studio dès sa fondation, avec l’option de racheter l’intégralité des parts restantes à tout moment (en cas de succès, par exemple). À l’époque, Activision sortait certes de nombreux FPS, mais se basant presque tous sur des licences d’id Software (dont Return to Castle Wolfenstein, développé par Raven Software, studio appartenant à Activision). L’éditeur cherche du coup à se diversifier (pour un temps, Activision sera même l’éditeur de Valve en 2003) et à créer sa propre franchise de FPS. La mission d’Infinity Ward : utiliser son expertise pour développer Call of Duty, un nouveau FPS pour PC sur la Seconde Guerre mondiale. Afin d’accélérer le développement, le moteur du jeu est une version modifiée du Quake 3 Engine déjà utilisé pour MoH:AA… moteur qui sera réutilisé et modifié à chaque jeu d’Infinity Ward jusqu’à aujourd’hui.
Mais Activision n’était pas du genre à mettre tous ses œufs dans le même panier : en parallèle de la formation d’Infinity Ward se créait, toujours avec le soutien de la boîte de Robert Kotick, le studio Spark Unlimited. Cette fois toutefois, pas de prise de participation d’Activision dans le studio, mais un accord de publication pour trois titres avec promesse de soutien financier entre les jeux. Derrière Spark on retrouve… le producer et une vingtaine de développeurs des précédents Medal of Honor pour Electronic Arts. La mission de Spark Unlimited ? utiliser son expertise pour développer Call of Duty: Finest Hour (Le jour de gloire par chez nous), un nouveau FPS pour consoles sur la Seconde Guerre mondiale. Spark et Infinity Ward ne partagent rien, à part le nom de leur jeu : les deux titres ont un gameplay, des ressources et un moteur différents. Activision avait finement joué : l’éditeur avait récupéré une bonne partie des développeurs de la franchise Medal of Honor tant chez EA que chez 2015, handicapant du même coup EA. Et en mettant en concurrence les deux nouveaux studios, Activision limitait sa prise de risques.
Hélas pour Spark, quitter EA Los Angeles n’était pas aussi simple que quitter 2015 : remarquant le départ soudain d’une vingtaine d’employés, Electronic Arts avait porté plainte contre Spark, accusant les employés de voler des secrets de fabrication, des assets et du savoir-faire. Spark, EA et Activision arrivèrent à un accord (resté secret) en avril 2003, évitant un procès. Malgré tout, le développement du jeu n’avait pas encore débuté et Activision avait déjà dû débourser 800 000 dollars en frais de justice.
En octobre 2003, alors que Spark Unlimited galère encore sur son Finest Hour, Infinity Ward boucle son Call of Duty… et ça marche plutôt bien pour eux : voyant la qualité du jeu, Activision décide d’exercer son droit de rachat le 30 octobre 2003, jour de la sortie de Call of Duty. Infinity Ward appartient dès lors entièrement à Activision.
ONE WILL RISE, ONE WILL FALL
A partir de ce moment, la franchise Call of Duty est lancée : Infinity Ward a désormais pour mission d’en sortir un tous les deux ans et se met sans tarder au travail sur Call of Duty 2, qui sortira le 25 octobre 2005. Entre les deux, fin 2004, le Call of Duty: Finest Hour de Spark Unlimited est sorti sur GameCube, Xbox et Playstation 2, et le résultat n’était pas brillant, surtout en comparaison du jeu sorti un an plus tôt par IW. Début 2005, Activision annonce ses plans pour la franchise Call of Duty : des sorties annuelles, avec Infinity Ward qui s’occupe des versions PC et un duo de studios (Gray Matter Interactive, à qui on doit Kingpin et Return to Castle Wolfenstein, et Treyarch) pour développer les épisodes sur consoles. Absent de la liste : Spark Unlimited. Sans espoir de continuer avec Activision malgré les promesses initiales, Spark Unlimited signera avec Codemasters et Atari pour sortir en 2008 deux FPS médiocres se déroulant à New-York, Turning Point et Legendary. Autre victime en un sens : Gray Matter Interactive ne passera pas l’été, le studio étant fusionné avec Treyarch, qui deviendra dès lors la seule alternative à Infinity Ward.
Evidemment, les patrons de Spark Unlimited, qui avaient tout de même quitté Electronic Arts pour se faire sponsoriser par Activision, ne pouvaient pas rester comme ça sans rien faire : à l’été 2005, ils portent plainte contre Activision, accusant l’éditeur de ne pas avoir payé de royalties pour Finest Hour, ainsi que de rupture de contrat pour avoir confié les suites de Finest Hour (dont Call of Duty 2: Big Red One) à un autre studio. Spark Unlimited réclame dix millions de dollars de dommages et intérêts. Mais en octobre 2005, trois semaines avant la sortie de Big Red One, Activision contre-attaque et porte à son tour plainte contre Spark Unlimited, décrivant un studio mené par des incompétents. Dans sa plainte, Activision indique que Spark a largement dépassé son budget et que l’éditeur a envoyé une trentaine d’employés en renfort au développeur. Surtout, Activision accuse Spark de fraude : selon l’éditeur, Spark se serait présenté comme une équipe d’experts capables de sortir un jeu AAA pour consoles… Et ça ne s’arrête pas là : Turning Point étant lui aussi un FPS basé sur la Seconde Guerre mondiale, ce qui était interdit par le contrat entre Spark et Activision, ces derniers attaquèrent également en 2006 l’éditeur du jeu, Codemasters. Activision réclamait ni plus ni moins que l’interdiction de sortie de Turning Point. Finalement, le 29 mars 2007, les trois sociétés signèrent un accord (resté, là encore, secret) et abandonnèrent toutes les poursuites. Spark et Codemasters se retrouvaient avec leur FPS dans leur coin, et Activision était libre de continuer Call of Duty sans l’épine dans le pied qu’était Spark.LE CONTRAT
Pendant que Spark luttait pour ne pas être oublié, tout roulait du côté d’Infinity Ward et de Treyarch, avec des jeux qui s’enchaînaient à toute vitesse : Call of Duty 2 (sur PC et Xbox 360, par IW) et Call of Duty 2: Big Red One (sur consoles, par Treyarch) fin 2005, puis Call of Duty 3 fin 2006 (uniquement sur consoles, et encore par Treyarch), avant le changement total qu’était, fin 2007, le Call of Duty 4: Modern Warfare développé pour PC et consoles par Infinity Ward. Et jusque là, tout va bien : après deux jeux sur la Seconde Guerre mondiale, Jason West, Vince Zampella et la troupe d’Infinity Ward ont pu faire un jeu sur la guerre moderne (contre l’avis initial d’Activision, qui craignait que ça ne marche pas). Et avec Modern Warfare, ils se libèrent un peu du carcan Call of Duty et de ses nombreux jeux. C’est un succès là encore, tant critique que public.
Ce succès fait une victime chez Activision : Call of Duty: Devil’s Brigade, un FPS/TPS pour Xbox 360 et Playstation 3 que l’éditeur n’a jamais pris la peine d’annoncer. Le jeu se déroulait en Italie durant la Seconde Guerre mondiale, une période que Modern Warfare venait de rendre has-been. OK pour finir le développement de Call of Duty: World at War chez Treyarch, mais après on passerait à autre chose. Devil’s Brigade était en production jusque début 2008 chez Underground Development, qui a depuis fermé ses portes en février 2010.
Chez Activision aussi il y a du changement : le 2 décembre 2007, l’éditeur annonce sa fusion avec son concurrent Vivendi Games (qui possède notamment Sierra et Blizzard). Le résultat est une entité nommée Activision Blizzard, présidée par Robert « Bobby » Kotick, appartenant majoritairement à l’entreprise française Vivendi, et découpée en deux parties : d’un côté Blizzard, de l’autre Activision, qui récupère (et dans la plupart des cas vendange) toutes les marques appartenant à Vivendi Games et Sierra. Surtout, Activision Blizzard devient du même coup le premier éditeur mondial de jeux vidéo, bien loin devant son rival de toujours, Electronic Arts. La fusion se termine le 9 juillet 2008.
Également en juillet 2008, Jason West et Vince Zampella, toujours à la tête d’Infinity Ward depuis que leur acolyte Grant Collier est passé directement chez Activision, annoncent avoir renégocié et renouvelé leur contrat avec la maison-mère (qui possède toujours 100% du studio). Dans un post sur le blog du site officiel d’Infinity Ward ainsi que sur son blog personnel (curieusement, tout ça a été supprimé depuis, mais heureusement recopié ailleurs), Robert Bowling, l’un des porte-paroles de la société, explique qu’Infinity Ward a obtenu le droit de travailler sur une nouvelle licence, sur laquelle ils auront un contrôle total.
Et c’est à partir de là que ça va commencer à coincer : car si Activision veut bien laisser IW taffer sur sa propre franchise à long terme, l’éditeur veut d’abord un nouveau Call of Duty, Treyarch seul ne pouvant pas assurer un rythme annuel à la cash-machine. De mauvais gré, l’équipe de Jason West et Vince Zampella se met donc au travail sur Modern Warfare 2 alors que Treyarch trime encore sur son Call of Duty: World at War. Et le mécontentement de l’équipe d’IW, forcée de faire un quatrième jeu Call of Duty de suite, se remarque dans des gros détails : le premier trailer de Modern Warfare 2 ne comporte par pas la moindre mention de CoD… Ce sera d’ailleurs une constante dans la communication d’Infinity Ward sur le jeu : ce n’est pas un Call of Duty, c’est Modern Warfare 2. Jusqu’à ce qu’Activision reprenne les choses en main et recolle de force le logo Call of Duty dans le jeu.
Les trailers de Modern Warfare 2 feront d’ailleurs l’objet d’une polémique interne entre les studios d’Activision : d’après des mails de West & Zampella rendus publics en décembre 2010 par l’éditeur dans sa plainte contre eux, il apparaît qu’Infinity Ward aurait volontairement calé la sortie des trailers de MW2 en même temps que la sortie des DLC de CoD: World at War, afin de faire de l’ombre à ce dernier. Bonne ambiance entre Activision, Treyarch et Infinity Ward.
Malgré tout, IW termine le taf et sort son Call of Duty: Modern Warfare 2 fin 2009, à la date prévue. Le jeu est un immense succès financier pour Activision (qui plus est, IW étant encore un petit studio, le jeu n’a pas coûté bien cher à produire), malgré des polémiques en tous genres (absence de serveurs dédiés sur PC, scène de massacre dans un aéroport dans le jeu solo…). Et puisque leur travail sur Call of Duty est terminé, Jason West et Vince Zampella demandent une nouvelle fois à Activision de respecter leur accord : maintenant, ils doivent pouvoir travailler sur leur nouvelle licence. Et les têtes d’Activision, voyant la poule aux œufs d’or qu’est Modern Warfare, cette série en laquelle ils ne croyaient pas à l’origine, refusent. Ils veulent un Modern Warfare 3, et ils le veulent pour la fin 2011.
En parallèle, le 17 novembre 2009, une semaine très exactement après la sortie de Modern Warfare 2, Activision annonce l’ouverture d’un nouveau studio : Sledgehammer Games. Le studio, comme Infinity Ward ou Spark Unlimited, est formé par des employés d’Electronic Arts qu’Activision a débauchés. En l’occurrence, ce sont Glen Schofield et Michael Condrey, deux des patrons de Visceral Games (ex-Electronic Arts Redwood Shores), qui viennent de produire Dead Space. Activision, ayant appris du procès en 2003 avec Spark et EA, ne débauche pas une team complète d’un seul coup, mais seulement les têtes… espérant inciter d’autres à suivre à terme. Sledgehammer Games annonce rapidement travailler sur son propre jeu dans la franchise Call of Duty, une version futuriste d’après la rumeur. Autrement dit : la même semaine où Infinity Ward est condamné à rester coincé dans sa propre série et s’apprête à se rebeller, Activision ouvre un studio dont les employés ont carte blanche, tant qu’ils collent « Call of Duty » dans le titre.LA GUERRE
Le 1er mars 2010, Activision licencie Jason West et Vince Zampella, les deux boss d’Infinity Ward, pour « rupture de contrat et insubordination ». Une équipe de sécurité est envoyée dans les locaux pour saisir les ordinateurs et téléphones portables de West & Zampella. Les deux sont remplacés par Steve Pearce et Steve Ackrich, des pontes d’Activision. L’éditeur crée au passage une nouvelle division interne centralisant toutes les activités reliées à la marque « Call of Duty » : on y retrouve donc Infinity Ward, Treyarch, mais aussi Sledgehammer Games et des studios qui participent ponctuellement à l’effort de guerre, comme Raven Software. Le conflit couvait depuis un moment, mais cette fois-ci les lignes sont tracées. C’est la guerre, et ça va vite devenir une guerre bien sale.
Le 3 mars, Jason West et Vince Zampella, nouvellement chômeurs, portent plainte contre Activision. Ils réclament le paiement des royalties dues pour Modern Warfare 2, ainsi que le contrôle de la marque « Modern Warfare », que selon eux Activision leur a contractuellement laissé. Surtout, leur plainte complète ne tarde pas à se retrouver sur le net, et on y trouve des détails hallucinants.
Selon le contrat renégocié en 2008 avec Activision (selon les plaignants en tout cas, comme tout ce qui suit dans cette liste), Jason West et Vince Zampella possèdent la marque « Modern Warfare » ainsi que tous les droits sur tous les épisodes de Call of Duty développés après la guerre du Vietnam. Autrement dit, il fallait une autorisation explicite du duo pour développer un CoD moderne.
Le même contrat devait offrir à tous les employés d’Infinity Ward des royalties supplémentaires pour tous les jeux utilisant la technologie développée par IW. Autrement dit, les employés d’IW devaient toucher un bonus financier sur les ventes des jeux de Treyarch.
Enfin, comme on le disait plus haut, ce contrat devait permettre à Infinity Ward de développer une nouvelle franchise après Modern Warfare 2.
Mais ça ne s’arrête pas là : dès la sortie de Modern Warfare 2, alors que Sledgehammer était en cours de création, Activision a lancé une enquête interne contre Jason West & Vince Zampella. L’éditeur a menacé les deux patrons de licenciement pour insubordination s’ils ne donnaient pas leur entière coopération à l’enquête contre eux, qui portait sur des violations du contrat et du réglement avec l’éditeur. Activision n’a laissé que six heures au duo pour se défendre.
Et ça continue : les 13 et 14 février 2010, soit le week-end des amoureux, Activision a interrogé un à un tous les employés d’Infinity Ward dans leurs bureaux. West & Zampella disent avoir été retenus durant six heures dans une pièce sans fenêtre et avoir eu l’interdiction d’aller réconforter les employés qui craquaient psychologiquement durant l’interrogatoire.
Enfin, West & Zampella affirment qu’Activision n’a alors pas payé le moindre centime de royalties pour MW2. Ils notent que la nouvelle unité de business Call of Duty créée par Activision est une tentative de reprendre le contrôle de la marque « Modern Warfare » en zappant le duo. On termine avec ça : West & Zampella, qui accusent Robert Kotick d’arrogance et de cupidité, réclament au moins 36 millions de dollars de compensation pour la rupture de contrat et exigent qu’Activision ait l’interdiction de produire des Call of Duty modernes ou des jeux sous la marque « Modern Warfare ».
Mais Activision ne se laisse pas faire, et fait leaker à G4TV un mémo interne où il est clairement dit que le duo West/Zampella essayait depuis des mois de se libérer du carcan d’Activision, en remontant en secret un autre studio sous la houlette d’un éditeur concurrent (Electronic Arts est mentionné) et en partant avec la licence Modern Warfare. Oups. Du coup, le mythe des patrons maltraités par le gros et vilain éditeur en prend un sacré coup : et s’ils étaient finalement encore moins réglos qu’Activision ?
Dans son grand plan pour s’assurer du contrôle total de la marque « Call of Duty » et continuer les sorties annuelles, Activision avait toutefois oublié un détail : les employés d’Infinity Ward. Certes, l’éditeur n’avait toujours pas versé les royalties et bonus dus, décourageant les employés de suivre leurs ex-patrons. Mais le 6 avril 2010, deux premiers employés d’Infinity Ward démissionnent, et pas n’importe lesquels : Francesco Gigliotti était le lead software engineer et Todd Alderman était lead designer et faisait partie des 22 fondateurs issus de 2015. Très vite, les départs se multiplient et en regardant les CVs, il devient clair que tous les employés avec un poste à responsabilité démissionnent, laissant essentiellement des juniors chez Infinity Ward. En trois mois, près d’une cinquantaine d’employés (environ la moitié du studio) quittent ainsi l’empire de Kotick, laissant en plan le développement de Modern Warfare 3.
La plupart des démissionnaires partent en fait rejoindre le duo West & Zampella, qui le 12 avril a monté un tout nouveau studio de développement : Respawn Entertainment. Respawn est un studio indépendant… mais financé à 100% par Electronic Arts, qui éditera leur premier jeu. En fait, la relation entre Respawn et Electronic Arts rappelle celle, en son temps, entre Spark Unlimited et Activision : le studio est intégralement financé par l’éditeur, qui pourtant ne le possède pas. Une différence tout de même : Respawn conserve la propriété intellectuelle de la marque qui sera en développement chez eux.
Et pendant que Respawn recrute à tour de bras les ex-Infinity Ward, Activision ne reste pas sans rien faire, tout comme EA n’était pas resté inactif quand Spark s’était créé. Le 9 avril, Activision a à son tour porté plainte, cette fois contre Jason West et Vince Zampella. La plainte de 23 pages accuse les deux ex-patrons d’avoir pris en otage Infinity Ward et menacé l’avenir de la franchise Call of Duty. Eh oui, quand on s’appelle Activision et qu’on a la petite veine du front qui palpite, on ne mâche pas ses mots. Activision affirme que, durant l’été 2009, le duo aurait fait un voyage secret en jet privé pour aller voir John Riccitiello, le patron d’Electronic Arts, en Californie, afin de discuter les termes de leur trahison. Activision accuse également West/Zampella d’avoir volontairement retardé la pré-production de Modern Warfare 3 (ce qui semble probable étant donné qu’ils avaient contractuellement le droit de développer autre chose…) et surtout d’avoir empêché le versement des royalties aux employés d’Infinity Ward. Au moment du dépôt de la plainte, 40 jours après le licenciement du duo, Activision n’avait pourtant toujours pas versé l’argent dû.
Et justement : le 27 avril 2010, ce sont pas moins de 38 employés d’Infinity Ward qui portent à leur tour plainte, cette fois contre Activision. Sur les 38 employés portant plainte, 28 ont alors déjà démissionné. Néanmoins, ils accusent dans leur plainte Activision de retarder le paiement des royalties et bonus financiers dus, afin d’empêcher les employés de quitter le studio et les encourager à travailler sur Modern Warfare 3. Le 9 juillet, le collectif d’employés a mis à jour sa plainte, indiquant qu’Activision avait payé 40% de l’argent dû, mais ne verserait le reste qu’une fois Modern Warfare 3 terminé.
Du coup, on n’allait quand même pas s’arrêter en si bon chemin : le 21 décembre 2010, Activision modifie sa plainte contre West & Zampella et y ajoute Electronic Arts. La plainte ajoute assez peu d’informations, répétant l’histoire du jet privé emmenant le duo voir Riccitiello dans sa maison en Californie (Activision dit avoir retrouvé des preuves dans les emails d’Infinity Ward). Néanmoins, Activision accuse EA d’avoir conspiré avec West/Zampella pour saboter Infinity Ward et la marque « Call of Duty », et réclame 400 millions de dollars en dommages et intérêts, ainsi que toutes les indemnités de licenciement déjà versées à Jason West & Vince Zampella.
Enfin, le 1er avril 2011, treize mois après leur licenciement, le duo West/Zampella modifie sa plainte initiale contre Activision, y ajoutant des accusations de fraude de la part de l’éditeur. La plainte porte sur le nouveau contrat négocié en 2008 par le Jason West & Vince Zampella, alors qu’Activision était en pleine opération de fusion avec Vivendi Games. Selon eux, Activision avait besoin, pour finaliser la fusion avec Vivendi Games, de s’assurer qu’ils resteraient chez Infinity Ward pour encore trois années supplémentaires. Le nouveau document est celui qui leur donnait le contrôle de la marque « Modern Warfare », avec toutefois une clause spéciale : le document n’était valide que tant que West & Zampella étaient employés par Activision. Devant leur méfiance, Robert Kotick leur aurait déclaré « Ne vous inquiétez pas, il est impossible que vous soyez un jour virés. ». Voilà voilà…ET MAINTENANT ?
Actuellement, cinq studios travaillent sur la franchise Call of Duty :
*Infinity Ward développe Modern Warfare 3, en partie avec son ancien staff resté sur place, en partie avec des nouvelles recrues arrivées par opportunisme. On imagine une saine ambiance.
*Treyarch développe Call of Duty 9 de son côté.
*Beachhead développe Call of Duty: Elite, le service communautaire devant à l’avenir intégrer tous les jeux de la série.
*Sledgehammer Games aide au développement du solo de Modern Warfare 3. Le studio a été contraint d’arrêter le travail sur son propre jeu (Activision a enregistré les noms de domaines pour des jeux intitulés Call of Duty: Future Warfare, Advanced Warfare, Secret Warfare et Space Warfare, de quoi donner des idées) pour venir donner en urgence un gros coup de main à Infinity Ward déserté. Là aussi, on suppose que l’ambiance n’est pas folle.
*Enfin, Raven Software, décimé après les échecs successifs de Wolfenstein et Singularity, aide sur le mode multijoueurs de Modern Warfare 3 après avoir développé du DLC pour Black Ops. Là encore, on imagine sans mal la déprime.
Sans surprise avec des studios à ce point en danger de crise de loyauté, les secrets de Modern Warfare 3 ont vite été éventés, avant même son annonce officielle. Plus encore que la pauvreté d’imagination d’Infinity Ward, ce leak d’infos révélait la fin de la confiance entre Activision et ses studios.
Du côté des procès, tout avance à son rythme : le juge Elihu Berle a bien inspecté les plaintes tant d’Activision que de Jason West et Vince Zampella et statué que procès il y aurait. Ce sera en fin d’année 2011 ou début 2012, dans tous les cas fort probablement après la sortie de Call of Duty: Modern Warfare 3, prévue pour le 8 novembre 2011. Lors des deux affaires qui impliquaient Spark et Activision, un accord avait été obtenu entre les différentes parties. Mais les réclamations ne portaient alors que sur quelques millions de dollars de dommages & intérêts. Cette fois, à l’image d’une franchise ultra-rentable pour son éditeur, on parle en centaines de millions de dollars : Activision réclame au moins 400 millions de dollars, tandis que la paire West & Zampella réclame, en plus du contrôle sur la marque « Modern Warfare », au moins 125 millions de dollars. À moins d’un accord surprise, on retrouvera donc en fin d’année Electronic Arts, Jason West, Vince Zampella et Activision sur le banc de la défense. Ils seront aussi tous sur le banc des accusés.
Alors qui c’est le gentil dans l’histoire, qui aimerait-on voir gagner ? Electronic Arts, l’éditeur fait cocu en 2001, doublé par une fusion en 2007, qui n’a pas su garder ses troupes et qui tente de les récupérer à la hussarde ? Ou Activision, l’éditeur qui a grossi à toute vitesse et qui applique sa stratégie industrielle sans pitié aucune, sans vision non plus d’ailleurs ? Ou enfin Jason West & Vince Zampella, les riches patrons deux fois traîtres, assez mauvais joueurs pour tenter de saboter les jeux de leurs confrères ? Euh… Joker.
Les seuls à douiller véritablement dans l’affaire, ce sont finalement les employés d’Infinity Ward, qui n’ont toujours pas touché l’intégralité de l’argent dû pour Modern Warfare 2. Le juge de Los Angeles ne semble pas encore avoir statué sur la validité de leur plainte, qui pourrait en tout cas être la plus douloureuse pour Activision : ils réclament entre 150 et 625 millions de dollars.
Lunaramethyst- Légende
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Re: CoD - L'envers du décor
Moi ce que je kiff, c'est qu'Actipognon porte plainte, ils se rendent compte qu'ils leur manque des trucs, et ils vont te sortir une histoire de jet privés et compagnie... Enfin, pourquoi ne pas l'avoir dit au début ?? C'est aps net tout ça...
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Pierre
Re: CoD - L'envers du décor
Bref, Activision n'a pas changé de politique depuis des années. J'ai peur pour Bungie...
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Re: CoD - L'envers du décor
Si ces guerres internes peuvent enfin mettre fin à la série CoD et à sa politique vis-à-vis des joueurs, c'est une bonne chose
Re: CoD - L'envers du décor
Pas forcément fin à la série, mais qu'ils arrêtent de se foutre de la gueule des gens... :/
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Re: CoD - L'envers du décor
Et ouai mais c'est des 'ricains! C'est quand même la nation des cow-boys... Faut pas l'oublier. Un mec, un flingue et v'la que je fais ma vie en écrasant tout sur mon passage.
PS: Enfin je dis ça... Apparemment Ubisoft aussi n'est pas complètement blanc en tant qu'éditeur.
PS: Enfin je dis ça... Apparemment Ubisoft aussi n'est pas complètement blanc en tant qu'éditeur.
Re: CoD - L'envers du décor
Si j'avais su, j'aurais acheté quinze kilos de pop-corn et j'aurais invité deux-trois amis. Ça c'est de la lecture, de la vraie.
Si c'est toi l'auteur de la "Version locale", cours vite te faire éditer et publier, tu vas coiffer Stephenie Meyer au poteau !
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